Ajout spécial 21ème siècle

Parce qu'il n'est pô fun






[Le 21éme siècle c'est rasoir]

Il est même rasoir...



Ah ah ! Je vois que vous n'êtes pas un amateur ! Vous avez donc cliqué sur ce petit lien un peu caché. A l'attention du visiteur (ancien ou nouveau) qui se serait retrouvé ici, vous trouverez ci-après quelques explications concernant le site. Est-ce une parodie ? Est-ce que ce site se prend au sérieux ? Est-ce qu'il a vraiment été en ligne tel quel à une époque ? C'est encore loin grand schtroumpf ? Quand est-ce qu'on mange ?



C'est quoi ce truc ? Ca a vraiment existé ? Mais c'est tounaz !

Alors non, ce n'est pas une parodie, et oui, ce site a été mis en ligne en 1997, pratiquement à l'identique. Et déjà sur un domaine en .com, tout comme la plupart des entreprises qui avaient une présence sur Internet à ce moment-là.

Dans les années 1990, la plupart des pages personnelles sont hébergées directement sous l'URL du founisseur de services (par exemple perso.monfournisseur.net/mapage/), et la quantité de noms de domaine existants sur Internet est assez faible. Pourtant ce n'est pas cher, même si ça a beaucoup baissé depuis. Il fallait compter dans les 50 à 80 $ / an, suivant la marge prise par votre prestataire.

Avoir un site personnel en .com apporte à celui-ci une visibilité accrue car les moteurs de recherche de l'époque vont avoir tendance à le considérer comme une source d'information pérenne. Quelqu'un qui tape "fractales" sur un moteur de recherche en 1997 a de fortes chances d'arriver sur ce site (via la page correspondante). Ca permet de discuter avec plein de personnes intéressées par les mêmes sujets que vous, car Internet est alors un petit monde. C'est généralement pour cela que les gens faisaient des sites personnels. Le mien était juste plus facile à trouver.

Pourquoi .com et pas autre chose ? Dans les années 1990 c'est à peu près le seul TLD qui est libéralisé. Le .net est encore réservé aux fournisseurs de services Internet : les fournisseurs d'accès (on disait providers), les hébergeurs, les sites informatifs sur le réseau Internet lui-même, ou encore des sites donnant l'accès à des outils de diagnostic de fonctionnement du dit réseau. Quant au .org il faut justifier être une organisation non-gouvernementale et non-commerciale (documents à l'appui) pour en obtenir un. Je passe sur les autres gTLD de l'époque (tels que le .edu ou le .mil) évidemment encore plus restrictifs. Et les TLD nationaux tels que le .fr alors ? Eh bien même si c'est devenu archi-commun aujourd'hui, il faut savoir qu'à l'époque ces domaines étaient d'un accès très restreints, en pratique réservés aux seules entreprises qui disposaient de la marque correspondante, ou aux entités gouvernementales (avec, par exemple, le .gouv.fr, pendant du .gov américain). Pour un provider c'était d'ailleurs un peu le parcours du combattant afin d'obtenir un .fr pour un de ses clients, même si celui-ci remplissait toutes les conditions d'attribution.

Donc non, malgré le .com il n'y a jamais eu d'entreprise ici, ni quoi que ce soit à vendre, ni même un petit lien de donation. Et bien sûr encore moins de pub. Ca n'était pas sérieux, ça ne se prenait pas au sérieux, mais c'était conçu avec sérieux pour que ce soit agréable à lire, et qu'on y passe un bon moment.

Alors oui ça fait très « Kikounet est sur Internet !! C'est trop cool !!!! ;-)))))) » et très style « gars qui raconte sa vie » , ou encore « gars qui fait une page Web sur son dernier week-end » (oui, je l'ai vraiment fait), mais c'était totalement le but. Le style très bon-enfant rédigé façon « je chat avec mon visiteur » correspond en fait plutôt bien au style des sites Web personnels de l'époque, pour ceux qui n'ont pas connu. J'assume totalement, plus de 25 ans après, le style très kitch ;-) et même carrément keuss (un peu « tout nul » quoi) comme on disait à l'époque.
Mais le contenu du site est en grande majorité obsolète, pourquoi le remettre en ligne ?

Parce que c'est fun ;-)

Lorsque j'ai relu les archives dont je disposais de ce site, je me suis étonné de ce dont on s'étonnait au 20ème siècle. Un téléchargement à 40 ko/s ohlàlà incroyab' ! Cela m'a rappelé que la plupart du temps, Internet c'était des soirées à 2,5 ko/s, avec plus de temps de téléchargement que de temps de lecture, tout ça avec le compteur de France Telecom qui tournait.

Oui car pour ceux qui ne l'auraient jamais connu, en l'absence d'ADSL, de WiFi, de 2G/3G/4G/5G, l'accès à Internet se faisait par le réseau commuté téléphonique (qu'on appelait le RTC). Et tout cela était facturé à la minute.

Donc oui, le contenu est obsolète. Il n'est plus utile en tant que tel mais je lui trouve un aspect historique qui justifie qu'on ne le laisse pas pourrir dans un carton. J'ai récupéré des fichiers incroyables, peut-être totalement introuvables aujourd'hui si l'on ne sait pas qu'ils ont un jour été hébergés sur ce site.

C'est le vestige d'une période beaucoup plus détendue sur Internet, car il est très important de comprendre qu'à l'époque, Internet est un loisir. Oui j'insiste là-dessus car c'est sûrement pas du tout évident si l'on se réfère à l'époque actuelle. La meilleure comparaison possible serait de dire qu'on prenait un abonnement à Internet pour les mêmes raisons qu'on prend aujourd'hui un abonnement à Netflix. C'est du pur divertissement. Au 20ème siècle, il n'y a pas besoin d'Internet pour payer ses impôts, prendre un rendez-vous chez le médecin, trouver un emploi, suivre des cours à l'université, créer une entreprise ou même juste rester en contact avec ses amis.

Généralement les internautes (comme les gens se désignent à l'époque) sont donc, dès le début, une poignée de personnes qui utilisent un ordinateur (hé oui c'est rare...), et qui vont se connecter au réseau le soir après le travail, pour passer un bon moment. C'est une sorte de club de 20/30 ans qui n'ont, comme on le disait, pas envie de se prendre la tête.

Bien évidemment pour que tout cela fonctionne, il faut des personnes dont c'est le travail. Tout comme il faut des personnes pour faire fonctionner un parc de loisirs, dont c'est le gagne-pain. On connaît toute la « bienveillance » qui existe dans le milieu des forains... C'est une assez bonne comparaison d'ailleurs. Les « forains » de l'époque, qui tiennent ce club, sont assez tendus (Internet ça génère des coûts élevés et les clients ne payent pas très cher) et dès qu'ils ont l'impression qu'on peut leur poser des problèmes, leur faire de l'ombre ou je-ne-sais-quoi d'autre, ça ne se pose pas trop de questions... La censure frappait fort, et je me suis même surpris de voir à quel point, en relisant aujourd'hui les différentes pages du site. Avoir un site personnel en .com et hébergé $Loin_de_la_France, c'était une bonne façon d'être tranquille.

Quoi qu'il en soit, il est plus que temps, en 2025, d'arrêter de se prendre la tête, et de profiter d'un bon moment de rigôlad.

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