S'il y a une dinguerie du 21ème siècle que je n'avais pas encore
abordée, c'est bien celle des avis sur Internet.
Les fameuses petites étoiles nous ont littéralement envahis, et sont limite devenues des
Paroles d'Evangile. Plus de 80 % des personnes consultent ces commentaires étoilés,
qui ont un impact direct sur leurs décisions d'achat. Mais d'où cela nous vient-il
et pourquoi ces étoiles sont-elles toujours parmi nous après toutes ces années ?
Et surtout, comment se fait-il qu'elles soient devenues l'une des plus
grandes escroqueries de notre époque ?
D'après
une enquête de TF1, un avis positif se monnaye aujourd'hui à partir de 10 à 20 euros. Et plus
vous payez cher, plus les cabinets vous promettent des avis crédibles, avec des profils
qui ont un véritable historique sur Google ou autre.
Et il y a bien sûr, les célébrissimes histoires avec les établissements qui se
retrouvent dans les mieux notés sur les sites d'avis, alors qu'ils n'existent pas.
Vous pouvez lire l'intégralité de l'article, c'est édifiant. Le 21ème siècle dans toute sa splendeur, à
grands coups de réseaux sociaux et d'influvoleuses.
J'avoue que moi non plus, je ne m'y attendais pas... « Regardez comme ce produit
qu'on vend est pourri, grâce aux avis de nos clients qui sont la
vérité vraie véritable. »
Mais maintenant, vous allez naturellement vous demander, s'il semble
connu que le système est vérolé, pourquoi les avis sur Internet
ça existe encore ? Et pourquoi les gens y croient ?
Justement, à cause des biais cognitifs induits par ce type de campagne. Digitec
fait la promotion de ses commentaires clients en dehors de tout contexte Internet,
là où on attend une communication plus classique. Ca surprend, ça interpelle
et ça crédibilise car on a sorti les avis Internet de leur environnement naturel.
L'affiche de rue amplifie l'impact car on ne s'attend pas à y voir un langage
familier de ce genre, imprimé sur du vrai papier.
Mais même en dehors de ce cas particulier, le système des avis fait plus généralement
appel à nombre d'autres aspects psychologiques liés à la nature du comportement humain.
Un gamer qui parvient enfin à se payer le PC de ses rêves va laisser
un commentaire positif dithyrambique quelques heures après l'avoir reçu sur le site
du commerçant, sous l'effet de l'euphorie. Il y a aussi le phénomène du
porte-voix : les consommateurs apprécient d'être « actifs »
et de participer à la communication d'une entreprise plutôt que de subir passivement
sa réclame. Cela entraîne ensuite un biais de fréquence : sur 1000 clients,
seulement un ou deux décriront leur expérience sur une quelconque plateforme. Mais
parmi eux, ceux qui le font régulièrement vont avoir tendance à penser que 25 % à 50 %
des autres clients le font également. Cela laisse tout le champ libre aux vendeurs
d'avis, vu que ça ne choquera personne qu'il y en ait davantage que ce qu'il devrait.
Par suite, lorsqu'ils consultent des fiches produits sur le Web où des messages
accompagnées de leurs petites étoiles sont présents, inconsciemment ils se disent
que « tout ne peut pas être faux » et ils se font avoir.
Merci à cette chère Yael B. pour sa contribution, la montagne sera probablement
enchantée. 😄 A votre avis, il est vrai celui-là ou un cabinet ripou
est intervenu ? On peut se poser la question hein... Mais si jamais, il y a celui-là qui
semble plus « terre à terre » (ah AH AH re-KALEMBOUR §!§) :
On se demande un peu à qui il s'adresse. J'imagine bien un
« service clientèle » lui répondre « nous avons bien
pris note de l'instabilité de certains terrains sur notre site, soyez assurés
que nous allons y remédier d'ici deux à trois millions d'années. Merci pour
votre patience. » Quoi qu'il en soit si l'essentiel des visiteurs
sont satisfaits c'est tant mieux... Car ici dans tous les cas, le
« fournisseur » va avoir un peu de mal à s'adapter à la clientèle.
En réalité au 21ème siècle, le seul endroit où il n'y a pas de notes,
c'est à l'école.