Faut-il désactiver le CG-NAT ?
Ou comment utiliser le 21ème siècle contre lui-même
03 mars 2025
Poussés par la surpopulation du 21ème siècle et acculés par l'épuisement
de l'espace d'adressage IPv4, les fournisseurs d'accès Internet sont de plus en
plus nombreux à activer le partage d'adresses IP entre leurs clients.
Ce n'est pas une bonne chose pour l'utilisation sans heurts de certains protocoles
Internet. Mais est-ce une si mauvaise chose pour nous simples citoyens, qui sommes
de plus en plus traqués lorsque l'on arpente le réseau mondial ?
Pour une fois, ne pourrait-on pas utiliser une dinguerie de ce siècle afin d'esquiver
un nombre sans cesse croissant de nouvelles dingueries ?
Le CG-NAT - ou CGN, en bref
Le Carrier-Grade Network Address Translation (CG-NAT)
est un mode de fonctionnement réseau servant à partager
simultanément une unique adresse IPv4 publique entre de nombreaux clients
d'un fournisseur d'accès Internet.
Il s'agit d'une évolution du NAT classique, déjà utilisé sur toutes les box
aujourd'hui, et qui permet de partager une seule adresse IP publique entre
tous les équipements d'un réseau domestique ou d'entreprise.
Le CG-NAT fonctionne juste à un niveau bien plus important, avec un
pool d'adresses publiques à partager entre un grand nombre d'utilisateurs.
Les problèmes ! A moins que...
L'adressage IP dynamique chez les fournisseurs d'accès
c'était déjà pénible, et le NAT de mes roupettes non-alignées, ça avait déjà le don
de nous les briser.
Mais pratiqué à une très large échelle ainsi, c'est tout un tas de problèmes
qui peuvent survenir si l'implémentation du CG-NAT n'est pas correctement faite ou
qu'elle est sous-dimensionnée. Et dès que l'on voudra utiliser un protocole non-standard
- autre chose que TCP/UDP en gros - on n'a pas fini de rigoler...
Sans compter que les méthodes de contournement qu'il est possible d'implémenter pour
résoudre les problèmes amenés par le CG-NAT échapperont bien évidemment aux
nain-génieurs plein de piplômes et à la compétence approximative
qu'adorent employer les gros mastodontes de l'accès à Internet. Du genre des
types de Linagora quoi...
Fort heureusement, tout n'est pas encore perdu ! Là où il est encore possible
chez Free de demander une adresse IP fixe, il est possible chez Orange
de désactiver le CG-NAT sur l'interface de configuration
de la Livebox, au niveau de l'onglet « CGN » :
Cependant, faut-il se ruer immédiatement sur cette pauvre case à cocher
pour se débarrasser de cette engeance de la surpopulation ?
Faut-il éradiquer définitivement cette nième diablerie
de CG-NAT, qui ne correspond en rien à l'esprit d'origine du réseau Internet ?
Eh bien pas forcément...
En effet, ce qu'il faut bien comprendre, c'est que ce n'est pas vous qui allez
mettre en partage « votre adresse IP » avec d'autres utilisateurs,
comme semble l'indiquer le texte descriptif. En pratique, chaque nouvelle
communication initiée par vous ou tout autre client va emprunter des ressources
disponibles sur l'une des adresses IP publiques à disposition du système de CG-NAT.
C'est comme cela que l'on obtient une mutualisation maximale.
C'est là où ça commence à devenir intéressant !
Lorsqu'un fournisseur d'accès Internet a déployé un CG-NAT, il est donc
possible d'en tirer un avantage inattendu.
A des fins de diagnostic, lorsque l'on se connecte à un service sur le réseau,
l'adresse IP d'origine de la connexion est la plupart du temps enregistrée. De même,
tous les fournisseurs d'accès connaissent, à un instant donné, l'adresse IP associée
à un compte client, même si celle-ci est dynamique.
En combinant les deux on peut identifier un internaute lorsqu'il accède à un
service, et les autorités ne le savent que trop. Du moins, c'est
le cas lorsqu'il n'y a pas de CG-NAT.
A partir du moment où il y en a, il devient extrêmement
difficile de traquer la navigation d'un utilisateur. Il serait nécessaire
d'enregistrer non seulement les adresses IP, mais aussi les numéros de ports TCP/UDP
utilisés pour chacune des communications. D'une part, les opérateurs de
services Internet ont mieux à faire que de modifier leurs applications pour
cela, et d'autre part il est inenvisageable pour les fournisseurs d'accès de tenir les
journaux correspondants pour toutes les communications de chacun de leurs
clients, parmi des millions.
Les administrations spécialisées dans le retraçage telles que HADOPI (pi) deviennent
alors caduques avec un CG-NAT déployé à grande envergure. Quant à la censure
bien-pensante des snowflakes que
vous pourriez avoir critiqué sur Touittaire, elle n'a plus le moyen de vous atteindre
en vous identifiant par votre adresse IP, et ce même avec l'aide de sa Police
de la Pensée et des Pixels. Votre trafic Internet est noyé dans un magma de
plus en plus opaque au fur et à mesure que de plus en plus d'utilisateurs
partagent les adresses IP d'un CG-NAT chez votre fournisseur d'accès.
Le CG-NAT peut agir comme un moyen de protection supplémentaire contre l'espionnage
d'état permanent, combiné éventuellement à d'autres services tels que
Tor. Et ce, sans payer en plus
pour un service de VPN commercial à la mord-moi-le-noeud, lequel de toute façon vous
protège mes genoux, et balancera tout aux autorités comme un bon toutou
si on le lui demande.
L'IPv6 ne va-t-il pas mettre fin à la fête ?
Probablement pas !
IPv6 rend certes le NAT obsolète. Mais il est peu probable qu'IPv4 disparaisse
complètement tant que vous et moi sommes sur cette Terre. ;-) La demande
de serveurs Internet ne cesse d'augmenter, et ceux-ci se doivent pour le moment
d'être accessibles en IPv4 et IPv6.
Il est donc possible que les fournisseurs d'accès profitent du CG-NAT et
de la disponibilité d'IPv6 pour vendre la majeure partie de leurs adresses IPv4
aux gros opérateurs de serveurs, les clouds comme disent les gens à la mode.
Il y aura donc une quantité de plus en plus réduite d'adresses IPv4 à se partager entre
un nombre de plus en plus important d'internautes.
Ainsi il vous suffira tout simplement de désactiver IPv6 sur votre box
ou mieux, de ne le désactiver que sur une machine avec laquelle vous souhaitez naviguer
sans pouvoir être traqué. Pour une discrétion maximale, veillez à ne pas laisser
fonctionner de programme maintenant des sessions TCP ouvertes, ou envoyant des messages
UDP régulièrement depuis la machine en question. Cela pourrait « fixer
temporairement » votre adresse IPv4 publique de sortie.
Un bon PAN dans les dents des censeurs ! Les dingueries
qui nous pourrissent la vie depuis 25 ans, la surpopulation, la
culture du low-cost et la totale addiction à Internet des politiciens
peuvent tout d'un coup être utilisées contre la surveillance de masse
que ceux-ci pratiquent sur le réseau.
Et s'il y a bien une chose délectable, c'est d'admirer nos chers
bien-pensants pris à leurs propres pièges !
Eh oui ! Il ne fallait pas lutter pendant des années, avec moult zèle, pour sans
cesse brider la liberté d'expression. Après cela donne des idées à d'autres.
Ca alors, mais c'est beaucoup trop bête... Je compatis (non).
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